Le dernier numéro de Neverland réunit un certain nombre d’entretiens avec nos auteurs. On vous propose à partir d’aujourd’hui les versions longues, en commençant par celle de l’auteur de Lacrimosa !
Les questions ont été posées par Hania Jalkh, l’éditrice de la trilogie Requiem pour Sascha. La même Hania dont on parlait justement hier, sur le blog de Bragelonne.
Voilà qui devrait vous permettre d’approcher le monde d’Alice, si vous ne l’avez pas encore lu, ou qui vous fera patienter en attendant le tome 2, Dies Irae, prévu pour le mois d’août.
Sachez également que nous mettrons prochainement en ligne des interviews exclusives de Brent Weeks et de Marika Gallman. Sur ce, bonne lecture !
Pourquoi ce choix de titres ?
Le requiem, la messe des morts… J’avais envie de raconter l’histoire de la mort et de la renaissance d’une héroïne. Sascha se cherche dans un univers dont elle ne connaît pas les règles et quand on se cherche, on fait des erreurs. Sauf que pour Sascha, une erreur peut être fatale.
C’est, en gros, la messe pour la fin de la vie telle qu’elle la connaissait.
Et j’adore le Requiem de Mozart (d’ailleurs, je l’ai pas mal écouté en écrivant le premier tome) et en me penchant sur les textes, j’ai trouvé que les mouvements dont j’ai ensuite repris les titres collaient très bien à l’état d’esprit de l’héroïne dans chaque tome.
De qui/quelle œuvre t’es-tu inspirée pour créer ton héroïne ?
Sascha est un mélange de beaucoup de choses. Elle a l’apparence d’une chanteuse qui existe vraiment, le caractère d’une amie à moi et mes bottes.
Pourquoi avoir choisi Paris comme décor principal ?
Je trouve ça plus simple d’écrire (et de rendre réel) ce qu’on connaît bien soi-même. Et puis, Paris est une grande capitale internationale qui n’a rien à envier à Chicago ou New York (où se déroulent pas mal de romans de bit-lit). Je n’avais pas envie de m’ancrer dans une ambiance et une culture américaines. Je n’ai rien contre, mais ce n’est pas moi. J’ai voulu apporter un peu de fraîcheur et d’originalité au décor en gardant une ville qui continue à faire rêver pas mal de monde et où il ne semble pas improbable de croiser un vampire.
Aimerais-tu avoir le pouvoir de Sascha ?
L’idée originelle de tout le roman part de là. Un fantasme. Savoir ce que ça fait d’être un mec, d’être quelqu’un d’autre. Donc oui, l’idée me plaît assez. Mais je préférerais la version sans effets secondaires.
Quelles sont tes influences d’écriture ?
J’adore la bit-lit et j’en lis donc beaucoup. Je pense que tous les romans que j’ai lus jusqu’à présent (et tous ceux que je n’ai pas lu aussi) m’influencent dans une certaine mesure. Et puis, il y a bien évidemment Buffy. Ainsi qu’un tas de films, et de séries, et de la musique, beaucoup de musique.
Et tes maîtres en littérature ?
Vaste question. Il y a tant de noms que je pourrais citer. En bit-lit, je suis fan de Jeaniene Frost, Richelle Mead, Patricia Briggs…
Mais j’aime aussi la Fantasy. Tolkien, George R.R. Martin, Salvatore.
Je vouais aussi un culte à Anne Rice.
Que pense-tu apporter de neuf à la bit-lit aujourd’hui ?
J’espère apporter un peu de fraîcheur. Une bit-lit que je qualifierais d’européenne parce qu’elle se passe dans des lieux que mes lectrices peuvent reconnaître (et peuvent même avoir fréquenté) et aussi parce que je pense que n’ayant pas la même culture que les auteures anglophones, j’ai parsemé mon roman de références qui nous parlent plus, je l’ai ancré dans une ambiance qui nous est plus familière.
Comment s’est passée l’écriture du tome 1 ?
Terrasse de café, été, discussion délirante avec des amis. Et cette idée : qu’est-ce que vous feriez si vous pouviez être quelqu’un d’autre pendant une journée ?
J’ai eu envie de creuser un peu plus l’idée, de l’aborder sous différents angles… J’ai créé une héroïne à qui je pourrais imposer ça. J’ai décidé de lui compliquer la vie. Ensuite, j’ai joué plusieurs mois avec des post-its, des surligneurs, des fiches bristol, des tableaux Excel… Jusqu’à obtenir un plan détaillé qui tenait la route.
Quel est ton rythme d’écriture ?
Je prépare beaucoup mes romans. En général, le processus de l’idée initiale au plan détaillé me prend plusieurs mois. Ensuite, lorsque j’ai l’intégralité de mon plan, je me transforme en ermite. Pendant un mois, je ne sors pas, j’écris tous les jours, toutes les nuits, je bourrine le week-end afin de produire un premier jet en un mois.
Est-ce facile d’écrire les scènes de cul d’amour ?
Non. L’équilibre entre pas graveleux / vulgaire mais pas trop censuré non plus n’est pas facile à atteindre. Ce n’est pas ce qu’ils font mais la manière dont on le raconte qui importe. Ce sont des scènes assez exigeantes à écrire.
Pourquoi tant de scènes du genre, d’ailleurs ?
Mes personnages sont des obsédés ! Plus sérieusement, j’en ai mis autant que j’aime en voir dans les livres des autres. Une absence de tout est une frustration infinie (je ne pense à aucune auteure en particulier), une trop grande débauche finit par tuer l’histoire. J’ai essayé de trouver un juste milieu avec des scènes qui portent l’histoire et non l’inverse.
D’ailleurs, chacune de ces scènes, comme n’importe quelle scène d’un autre genre, fait évoluer l’héroïne et nous permet d’en savoir plus sur son état d’esprit et les choix qui en découlent.
Au vu de ce que tu fais subir à tes personnages, tu ne serais pas un peu sadique, par hasard ?
Pour être écrivain, il faut être sadique. Personne n’a envie de lire l’histoire d’une fille à qui il n’arrive jamais rien et qui mène sa petite vie tranquille. Et puis, la vie réelle est sadique aussi. Dans une moindre mesure parce que tout ce qu’on fait n’est pas une question de vie ou de mort, mais je pense que la littérature ne fait qu’accentuer le trait.
Tu as des actions chez Coca Cola ? Chez les buralistes en général ?
J’aimerais bien ! Ça paierait sûrement le loyer.
Un auteur a besoin d’essence pour fonctionner. En ce qui me concerne, ce sont le Coca et les clopes qui me font tenir debout à la fin de mes journées doubles. Normal que mon héroïne ait les mêmes addictions. Si je l’avais rendue addict au café, j’aurais oublié au bout de trois pages de lui en préparer, elle se serait mise à trembler… C’est moche.
Sascha : féministe ou soumise ?
Les deux ? Je crois qu’on a chacune les deux en nous. On ne veut pas céder des droits et libertés obtenus de haute lutte, mais parfois, on aimerait juste être une chose fragile dont quelqu’un s’occupe.
Sascha est un nœud de paradoxes. Elle ne veut être dépendante de personne, soumise à personne, mais elle passe son temps à se chercher un maître à penser parce qu’elle croit qu’elle n’est pas assez bien pour qu’on l’aime telle qu’elle est (elle a été abandonnée par ses parents, ça la travaille). Elle voudrait qu’on lui donne un mode d’emploi qu’elle pourrait suivre pour que quelqu’un, enfin, soit fier d’elle. Le message ultime que j’ai essayé de faire passer c’est qu’il faut s’aimer et s’accepter soi-même et ne pas tenir compte de l’opinion des autres sur ce que l’on est.
juin 19, 2014 à 9:25
Excellente découverte que cette nouvelle série!
Un bon moment de plaisir sombre et gothique…
août 3, 2014 à 12:36
J’ai bien aimé ce premier volume, même si je dois avouer que je n’ai pas accroché dès les premières pages.
Mais avec la fin de ce tome 1, je ne peux qu’attendre avec impatience le volume 2!
Et j’ai été ravi que l’histoire soit placée à Paris! ^^