Cela fait quelques semaines que le cinquième et dernier volume de la série Maeve Regan est dans les bacs. Il est donc plus que temps de partager avec vous la retranscription de l’entretien que Marika nous a accordé…
Sur les dents est l’ultime volet des aventures de Maeve. C’est donc l’heure du bilan. Quel est-il, pour toi ?
Il est très positif ! Lors de ma dernière relecture, j’ai été rassurée de voir que j’avais vraiment réussi à faire de l’histoire de Maeve ce que j’avais en tête dès le départ. Et ce n’est pas aussi évident que cela peut paraître parce que les idées ne cessent jamais d’arriver et des choses changent. Mais tout y est de la manière dont j’avais envie. Il y a un point particulièrement dont je suis très, très contente pour le dernier tome, mais je ne peux malheureusement pas en parler sans spoiler. Faites-moi simplement confiance quand je vous dis de ne pas me faire confiance. Enfin, les lecteurs doivent avoir l’habitude, après quatre livres…
En tout cas, je me suis amusée du début à la fin, j’ai pu explorer les différents thèmes que j’avais envie d’aborder et accompagner des personnages que j’aime infiniment. Par contre, dire au revoir à tout ce beau monde est bien plus difficile que je l’aurais cru et j’ai été très mélancolique en posant le point final.
Qu’est-ce qui a changé pour toi depuis 2009 ?
J’ai eu 30 ans ! Mais je suppose que la question n’était pas de cet ordre-là… Hmmm… Beaucoup de choses. J’ai quitté mon emploi et je me consacre à l’écriture, j’ai aussi publié quatre livres (presque cinq), en ai écrit deux autres, et j’ai fait plein de salons et rencontré des gens géniaux. En dehors de ça, je suis toujours la même personne, à quelques micro-rides de sourire près.
L’évolution du personnage de Maeve est-elle conforme à ce que tu imaginais au début de l’aventure ? A-t-elle réussi à te surprendre en cours de route ?
Oui, et ça contribue grandement au bilan positif ! Je suis partie avec un petit bout de femme en colère contre la vie qui a énormément évolué, dans le bon sens, et c’était mon premier but. Plus elle a basculé dans le surnaturel, plus elle est devenue humaine. C’est ce qui me plaît chez elle. Je suis très contente du chemin qu’elle a parcouru. Au début de la série, on n’aurait jamais pu être amies, elle et moi, mais là, elle va sacrément me manquer. Et elle m’a surprise plusieurs fois, souvent par sa douceur et sa fragilité, elle qui a toujours été si dure et renfermée.
Dans ce tome 5, Maeve élabore un vaste stratagème pour atteindre son but. Comment l’as-tu planifié ? (Est-ce que c’est de là que vient ta passion pour les post-its ?)
Les post-its ont aidé à ce que je n’oublie aucune info importante, mais ma passion pour eux remonte bien plus loin…
J’ai toujours vu mon intrigue comme une pelote de fils bien emmêlés, et le 5ème opus comme le moment où j’allais tirer sur toutes les extrémités en priant pour que le tout se démêle sans problème. Ça a été le cas, probablement parce que je semais des petits cailloux blancs depuis quatre tomes. J’ai bien arrangé mes dominos, et Sur les Dents donne l’impulsion finale, et BAM. Ça en fait, des images ! Disons surtout que je connaissais le dénouement et les rebondissements dans les détails dès le départ et que ça aide grandement. Et sûrement qu’un certain roi de l’illusion a déteint sur moi pour la partie « vaste stratagème ».
En tout cas, je me suis amusée comme une folle : la fin est explosive. C’est un mélange de Cluedo et de Mastermind grâce auquel on verra vraiment à quel point Maeve a progressé.
Tu as inauguré un mouvement de bit-lit francophone chez Milady. Tu es un exemple à suivre (que tu le veuilles ou non !) pour d’autres auteurs qui souhaiteraient t’imiter. As-tu un conseil à donner ?
Travaillez, travaillez et retravaillez. Soyez spontanés quand le texte veut sortir et martyrisez-vous lors de la réécriture. Écrire et retoucher quelques détails n’est pas suffisant. Il faut tailler, ajouter, retailler, remanier, relire phrase après phrase, paragraphe après paragraphe jusqu’à ce que ça coule et que plus rien ne vous fasse buter. Trouvez des beta-lecteurs qui n’auront pas peur de vous dire (gentiment) que vous avez écrit de la merde, parce que, soyons honnêtes, les premiers jets en sont souvent. Vos personnages doivent agir et parler pour une raison, chacun a un but et, dans son monde, est le héros de sa propre histoire. Le hasard n’existe pas.
Bon, ensuite, je vous dirai de ne pas écouter ce que je vous dis. On a tous des manières de travailler différentes, et je connais des auteurs qui pondent des trucs presque parfaits en premier jet. Donc lisez les conseils d’autres auteurs et trouvez votre style. Et écrivez, plus on le fait, plus on s’améliore (et du coup moins on a besoin de tailler, ajouter, retailler et remanier, à force). Mais je pense que le conseil qui reste est de ne pas partir du principe que le travail est terminé quand on a posé les mots sur le papier. C’est souvent l’étape la plus facile.
Est-ce que nous reverrons Maeve à l’avenir ?
Tu veux me faire pleurer, c’est ça ? Non. L’histoire de Maeve est bel et bien terminée. J’ai une envie récurrente depuis que j’ai commencé à écrire ses aventures, qui consiste à combler les « vides », les choses pas claires qui se sont déroulées dans le passé ou en parallèle et ont leur importance, que je connais mais qui étaient inaccessibles pour le lecteur, puisque le récit était du point de vue de Maeve. Mais cela concerne d’autres personnages et ce n’est pas quelque chose qui est prévu à mon planning actuellement. Ce serait plus en bonus, à l’occasion, si l’envie persiste, et surtout sous forme de nouvelles. Si tel est le cas, on la reverra peut-être de loin dans le cadre des « Carnets polonais », qui est une de ces histoires qui accompagne le récit depuis ses débuts. Mais le temps de Maeve sous les projecteurs est révolu. Voilà, j’ai une poussière dans l’œil.
Quels sont tes projets, maintenant ?
Dormir ! Dormir trois semaines serait le paradis. Et lire. Bon sang, juste m’asseoir confortablement sur mon canapé et me plonger dans d’autres mondes. Mais comme je suppose que la question était plutôt d’ordre professionnel, je suis en train de terminer le premier tome d’une autre série d’Urban Fantasy qui se déroule dans un univers très différent de celui de Maeve. Pas de vampires, pas de mages, et un personnage principal qui me plaît énormément. Mais on en reparlera après ma sieste de 3 semaines.
