À l’occasion de la sortie de The Partner en avril dernier et de The Bride ce mois-ci nous avons réalisé une interview d’Abigail Barnette, auteur de la série Pouvoirs d’Attraction. Cet entretien a été réalisé en collaboration avec les lecteurs : les questions ayant été recueillies par nos partenaires !
Nous remercions évidemment Abigail pour son enthousiasme et pour le temps qu’elle nous a accordé, ainsi que nos partenaires, ci-dessous, avec qui nous avons organisé cette interview !
Bonne lecture à toutes et rendez-vous le 20 ami pour la sortie de The Bride, la suite tant attendue de The Boss et The Girlfriend !
Photo : http://jennytrout.com/
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous et vos romans ?
J’ai 35 ans, je vis dans le Michigan aux États-Unis dans une petite ville où il ne se passe pas grand-chose. J’ai un mari que j’aime énormément, nous avons deux enfants. L’aîné, Christian, a 13 ans et ma fille, Wednesday, a 7 ans. J’adore les animaux, nous avons donc toute une ménagerie à la maison : Sa majesté, un très gros chat, Sammy un beagle, Coraline un pitbull et deux rats, Harry Potter et Luci. Je suis auteur depuis 2003 sous mon véritable nom (Jennifer Armintrout, avec un i et pas un e, nous sommes deux auteurs à avoir un nom très similaire, j’ai donc changé le mien) j’ai reçu mon premier contrat d’édition en 2004. À cette époque j’écrivais de la romance paranormale, mais en 2009 j’ai décidé de me mettre à la romance érotique. J’ai donc commencé à écrire sous le nom d’Abigail Barnette et il se trouve que la romance érotique est un genre qui me correspond !
Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire de la romance érotique ?
Sur le forum de bêta-lecteurs auquel je participe, plusieurs des auteurs ont commencé à écrire de la romance érotique. J’étais fascinée à la fois par la complexité de l’exercice et par son caractère ludique, alors j’ai décidé de tenter le coup ! J’avais aussi envie d’une plus grande marge de manœuvre dans ma carrière et le fait d’écrire sous pseudonyme m’a permis d’explorer d’autres genres littéraires.
Beaucoup d’auteurs nous disent que ce sont les personnages qui guident leur histoire. Est-ce que c’est ce qui s’est passé avec les héros de la série Pouvoirs d’attraction ?
Il arrive en effet que les personnages fassent avancer l’histoire toute seule. Je prévois ce qu’il va se passer dans mes livres à l’avance ou au moins ce que mes personnages doivent apprendre sur eux-mêmes et les intrigues majeures, mais je garde toujours assez de liberté pour les laisser me guider. Par exemple, au moment où j’ai imaginé le personnage de Neil Elwood, je n’avais pas prévu qu’il aurait passé son enfance en Islande. Je ne saurais même pas vous dire comment ou pourquoi cette partie de sa vie s’est finalement imposée dans l’histoire. J’étais sûre d’avoir méticuleusement tout planifié pour lui. Mais quand je regarde mes notes, je ne vois aucune trace de cet aspect de sa vie. Il est juste anglais et immensément riche.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’écriture de rapports BDSM ? Vos lecteurs s’accordent à dire que vous maniez particulièrement bien les jeux de pouvoir entre les personnages.
Merci beaucoup ! J’ai commencé par écrire du BDSM très soft dans une nouvelle steampunk, mais ce n’était pas au même niveau que Pouvoirs d’attraction. J’ai trouvé très tentant le concept du BDSM et je n’ai eu aucune difficulté à me mettre dans cet état d’esprit pour créer le personnage de Sophie. Je pense que le fait de connaître intimement mes personnages me permet d’écrire plus facilement leur relation BDSM. Je raconte l’histoire de Sophie et Neil depuis 2012, je connais leurs pensées les plus intimes et j’ai pu amener leur relation plus loin.
Concernant les personnages secondaires, saviez-vous dès le début lesquels allaient entourer vos héros ? Selon quels critères les avez-vous choisis ?
J’avais envie d’avoir un large panel de personnages, parce que je n’arrive pas à me plonger dans des romans où le héros et l’héroïne sont isolés et dont l’histoire se compose uniquement de leurs interactions Je me demande systématiquement : “Où sont les autres ?”. Je voulais que ma série Pouvoirs d’attraction soit aussi réaliste que possible. C’est pourquoi Sophie et Neil devaient avoir des amis, une famille et les complications qui vont avec. Je voulais également que les autres protagonistes féminins soient des personnages forts et qu’elles se soutiennent entre elles. Même quand j’ai introduit le personnage de Valérie, j’ai su qu’elle aurait un clash avec Sophie. Je voulais qu’elle soit plus que l’affreuse autre femme qui vient semer la zizanie dans le couple. J’ai donc fait mon possible pour les rendre plus vraies que nature. Je me devais également d’ajouter Emma parce que je voulais que Neil soit père. J’ai mes propres problèmes concernant la figure paternelle, mais je trouve toujours que les pères sont sexy.
La série Pouvoirs d’attraction parle de thèmes assez sensibles (nous ne dirons rien ici pour éviter les spoilers). Traiter de sujets sensibles semble être votre marque de fabrique. Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’aborder de tels sujets ? Qu’est-ce qui est le plus difficile lorsque vous écrivez ces thèmes ?
J’ai remarqué que peu d’auteurs écrivent sur ce thème, alors je me suis lancée. Ces livres ont vu le jour parce que j’essayais de détourner les sujets abordés dans des livres comme Cinquante nuances de Grey. La plupart des héroïnes tombent enceintes et l’événement rapproche le couple et les rend plus heureux. Je ne voulais pas de ça pour Sophie ; il fallait qu’elle affirme son absence de désir de maternité. Je voulais montrer qu’un couple peut aussi sortir renforcé de cette épreuve. À l’inverse, on voit beaucoup d’ouvrages où l’intrigue implique des drames comme le kidnapping, des accidents d’hélicoptère ou du harcèlement. Je voulais parler de drames qui touchent tout le monde, j’ai eu la possibilité de le faire avec le cancer de Neil. Si je vois beaucoup de romans aller dans une direction, je suis tentée de choisir la direction opposée, parce qu’il y a toujours un lecteur qui veut y aller aussi..
Dans les scènes à plusieurs, comment bien montrer les sentiments que partagent deux des protagonistes alors même qu’ils trouvent leur plaisir avec d’autres ?
Je ne vois pas ça comme avoir une relation sexuelle avec quelqu’un d’autre mais faire l’amour à quelqu’un d’autre, ensemble. Le sexe est déjà quelque chose de très intime, donc je ne peux pas penser à une autre façon d’être plus intime que de regarder votre partenaire faire l’amour à quelqu’un d’autre. C’est quelque chose de tellement intime que l’émotion est forcément au rendez-vous. Tout ce que j’ai à faire c’est de retranscrire ces sensations à l’écrit.
Alors que The Boss a un ton général plus léger, The Girlfriend consacre une grande partie au combat du héros contre sa maladie et les conséquences qu’elle a sur sa vie de couple. Est-ce un thème qui vous touchait personnellement au moment de son écriture ?
J’ai connu plusieurs personnes atteintes du cancer mais ça n’a pas influencé mon choix pour ce livre. Je voulais que Neil souffre d’une douleur chronique, qu’il puisse être dans le déni et que soudain, il perde le contrôle et soit brutalement forcé d’y faire face.
Pourquoi avoir choisi d’écrire cette série de romance érotique sous le pseudonyme d’Abigail ?
Pour moi, le pseudonyme est un peu l’équivalent d’une marque. Je pense par exemple aux barres chocolatées Almond Joy et Mounds. Je ne sais pas si vous en avez en France, mais Almond Joy est fait de chocolat, amandes et noix de coco alors que Mounds est simplement à base de chocolat et noix de coco. Ces barres chocolatées sont fabriquées par la même entreprise, elles sont quasiment identiques, mais l’une est légèrement différente de l’autre. Du coup si vous allez sur mon blog Jenny Trout, vous savez ce sur quoi vous allez tomber, et si vous achetez un livre paru sous le pseudonyme d’Abigail Barnette ce sera un peu différent, mais issu du même cerveau.
Nous allons découvrir le troisième roman de cette série, le ton y sera-t-il de nouveau plus léger ? Les embûches sont-elles derrière le couple ?
Je ne veux pas trop en dire, mais il faut s’attendre à de très beaux moments pour Sophie et Neil, et à d’autres beaucoup plus dévastateurs. Je ne dirais pas que le pire est derrière eux mais, ils sont toujours là pour se soutenir l’un l’autre.
Quelles sont les scènes les plus difficiles à écrire et a contrario les plus faciles ?
J’essaie de me souvenir quelles scènes vous avez déjà lues parce que je ne veux révéler à personne des éléments de l’intrigue qu’ils n’auraient pas eu l’occasion de découvrir. Je dirais que la scène la plus difficile à écrire pour moi est dans The Girlfriend, quand Sophie se demande si tout ça vaut vraiment le coup et si elle ne devrait pas fuir pour ne pas avoir à supporter la mort de Neil. Je me suis sentie terriblement mal pour elle, même si je savais que les choses finiraient bien. Les scènes les plus faciles à écrire sont celles où Neil et Sophie sont seuls. J’ai hâte que mes lecteurs découvrent The Bride, parce qu’il y a plus de scènes légères où ils sont eux-mêmes. On peut vraiment voir sur quoi repose leur vie de couple et comprendre pourquoi ils s’aiment.
Écrivez vous cette saga en ayant en tête une adaptation audiovisuelle ? Une série TV par exemple puisque nous suivons le couple à plusieurs étapes dans leur relation ?
La plupart du temps, quand j’écris, je me fais littéralement un film, mais je ne structure pas l’intrigue avec une adaptation télévisuelle en tête. Et si je garde toujours à l’esprit des acteurs et des actrices pour mes personnages, c’est avant tout parce que ça m’aide à les visualiser.
Pourquoi cette petite incursion dans le monde de la romance M/M en écrivant l’histoire de Neil et Emir ?
Techniquement ce n’est pas de la romance gay, mais bisexuelle puisque les deux hommes ont des relations avec les deux sexes. Je voulais m’étendre sur la bisexualité de Neil et montrer qu’il aime véritablement les hommes, émotionnellement et physiquement, tout autant qu’il aime les femmes. J’avoue aussi que je suis personnellement émoustillée à l’idée de deux hommes faisant l’amour !
Est-il plus difficile d’écrire des scènes homo-érotiques ?
Non pas vraiment. Je ne sais pas si un gay les lirait en se disant : “Oui, c’est bien vu” mais je souhaitais juste écrire quelque chose qui me semblait agréable. Ce qui m’importait le plus en écrivant les scènes entre Neil et Emir, c’était de faire ressortir leurs personnalités très dominantes sur le plan sexuel, et de montrer comment cette dynamique fonctionnait entre eux.
Êtes-vous une amatrice de littérature érotique gay ?
J’ai tendance à lire des ouvrages érotiques gay plus que des romances gay mais ça m’arrive de temps en temps. Pas tellement ces derniers temps, puisque j’ai lu beaucoup de livres Young Adult pour un concours de lecture auquel je participe cette année.
Où avez vous puisé votre inspiration pour les thèmes et les personnages de vos romans ?
Je plaisante souvent en disant que mes histoires se basent sur mes rapports avec mon père et que mes personnages s’inspirent des personnes que je trouve attirantes. Et c’est assez vrai, mais ce n’est pas forcément de là que viennent mes histoires. La plupart de temps je laisse mon esprit vagabonder et mes rêveries se transforment en idées qui me plaisent et me stimulent. Mais j’ai tellement tendance à faire ça que j’ai maintenant établi une règle : je dois me souvenir de cette idée pendant au moins 24 heures avant de commencer à écrire. Si après une journée je ne m’en souviens pas, c’est que je n’étais pas véritablement inspirée.
Qui sont vos auteurs favoris ? Y a-t-il un livre qui vous a particulièrement marqué ?
Je dirais que les ouvrages qui m’ont donné envie d’écrire sont The Vampire Lestat et Cry To Heaven d’Anne Rice. Je vouais une immense admiration à son travail lorsque j’étais au lycée. Ses histoires me semblaient tellement vraies, je voulais être capable de faire la même chose avec mes mots.
Dans quel environnement aimez-vous travailler ? Un bureau, un café, dehors, etc..
J’ai un bureau sens dessus dessous et c’est là que je me sens le plus à l’aise pour travailler. Je suis comme un hobbit. J’aime être dans mon antre, avec chaque chose à sa place, sinon je suis contrariée. Je ne peux me concentrer que si je suis vraiment à l’aise. Avoir un casque réducteur de bruit est également très pratique à la maison !
Photo : http://jennytrout.com/
Quel est votre livre de chevet en ce moment ?
En ce moment je lis Anne de Constance Feminmore Woolson. C’est un vieux roman qui raconte l’histoire d’une fille originaire d’une petite ville du Michigan qui va vivre avec sa tante, très riche, et qui se retrouve aspirée dans ce nouveau cercle social très sophistiqué. Je pense que Sophie et Anne ont beaucoup en commun, à environ un siècle d’écart.
Quels sont vos projets ?
Pour le moment je travaille sur le second roman spin-off de la série Pouvoirs d’attraction. On retrouve Ian Pratchett, un personnage qu’on découvre dans The Bride. Je travaille aussi sur une novella qui retrace la rencontre entre Neil et Sophie.
Avez-vous un message pour vos lecteurs français ?
Merci énormément à tous de lire mes livres ! Je suis tellement heureuse que l’histoire que j’ai écrite puissent divertir des lecteurs de l’autre côté de l’océan. Peut-être qu’un jour je pourrais venir à la rencontre de certains d’entre vous !